L' histoire de la Papet'

Sentant sa mort venir, un notable haut placé
transmit à son neveu les secrets du succès.

-Primo il faut sur toi attirer l’attention
Et pour ça, comme on dit, faire bonne impression.
Ensuite pour te faire un beau carnet d’adresse,
Tâche d’être invité à tous les pince-fesses.
Enfin pour éviter de rester sur la touche,
garde toi de brûler tes dernières cartouches.
A ce prix tu seras dans les petits papiers
Des agents d’influence et gens de qualité.
Souviens-toi de cela.

-Fort bien, dit le neveu,
Mais comment conserver ces conseils si précieux ?
Pour les enregistrer j’ai bien sur mon Iphone,
Hélas la batterie est à plat, çà t’étonne?
Où vend-on à Bordeaux, de jolis calepins,
pour noter tes conseils comme avant, à la main ?

-Tu connais Cyrano, et son auteur, Rostant ?
Et tu sais son prénom. Alors Fonce. Il est temps.
Aristide Briand est, je crois, ton adresse.
La Bourse du travail n’est pas loin. Le temps presse
Mais si tu restes en plan, ainsi qu’une patate
Je m’en lave les mains, comme Ponce Pilate.

-Mon oncle, par pitié, pourquoi ces rimes en “ate” ?
Je n’y comprends que pouic. Pour moi c’est du croate…
Bon Dieu, mais c’est bien sur! Edmond Costedoat.
C’est au numéro 6, La Papet’ de Bordeaux.
Victoire on est sauvé ! Enfin ! C’est pas trop tôt !

Moralité,
Faut-il vous faire un dessin ?
Qu’on soit prolo, qu’on soit bourgeois,
On a toujours besoin
D’un papetier près de chez soi.